mardi 18 juillet 2017

Lorsque je suis en surcharge..


La surcharge sensorielle se produit lorsque trop de signaux atteignent le système nerveux à la fois. 
Lorsqu'il y'a trop de stimulus autour de moi (visuels, sonores, olfactifs, vestibulaires..), mon cerveau n'est plus capable de traiter les informations entrantes. Je perds ma capacité à enregistrer, analyser et décoder ce qui se passe autour de moi et je ne suis plus en mesure d'interagir avec mon entourage. Il est préférable d'éviter de me parler ou de me toucher afin de ne pas rajouter un stimuli supplémentaire.

mercredi 12 juillet 2017

Caractéristiques & Préjugés - Autisme & Syndrome d'Asperger

Syndrome d'Asperger, autisme et préjugés.
Cet article n'a pas pour but d'énoncer une vérité universelle mais bien de faire la lumière sur certains préjugés. Il est primordiale de garder à l'esprit qu'il y'a autant de formes d'autisme que d'autistes, que chacun a un profil bien spécifique et que ce qui est vrai pour l'un ne le sera pas nécessairement pour l'autre. Il est à savoir que les autistes dits "sévères" présenteront bien plus de difficultés que les autistes "légers". Ici, la différence sera faite entre ce qui peut être exact de manière générale pour une personne TSA et ce qui est valable pour moi à titre personnel. 



Ils sont malades

FAUX. L'autisme n'est pas une maladie mais un trouble du développement. Ce n'est ni un désordre psychologique, ni une pathologie psychiatrique.


Ils n'aiment pas les gens / ne veulent pas communiquer


FAUX. La plupart des autistes recherchent spontanément la compagnie des autres ou ne sont du moins pas réfractaires à socialiser. Cependant, leur façon de communiquer peut être troublante et ils peuvent paraître très distants ou au contraire beaucoup trop familiers. Les codes sociaux sont compliqués pour eux, ils doivent sans cesse les apprendre et ne les intègrent pas naturellement. 
Comprendre et se faire comprendre leur demande bien plus d'énergie qu'à une personne neurotypique* et ils ont souvent besoin de plus de temps pour récupérer. 

Pour moi: Variable. Plus jeune, j'aimais être entourée pour faire comme tout le monde mais je m'ennuyais rapidement et j'avais un grand besoin de m'isoler régulièrement sinon je fatiguais vite. A l'heure actuelle je ne recherche plus la compagnie des autres (à quelques exceptions près). Socialiser me fatigue. Je me sens en décalage au niveau relationnel et mes centres d'intérêt différent de ceux que l'on rencontre habituellement chez quelqu'un de mon âge. Je ne souffre pas de solitude. J'aime être seule. Je ne ressens pas d'attache émotionnelle à part avec un cercle très restreint de quelques personnes qui font parties de mon équilibre vital. 



Il ne faut pas les toucher


Souvent VRAI. La personne autiste est hypersensible au toucher, ce qui veut dire que le moindre contact peut être ressenti de façon exacerbée. La plupart évitent le contact physique et il est important de respecter leur besoin d'espace. Le cas échéant, les tentatives d'approches peuvent être vécues comme une véritable agression. Ceux qui sont plus à l'aise avec le contact privilégient en général les contacts francs et préfèrent qu'ils viennent de leur propre initiative.

Pour moi: en partie FAUX. J'évite certains contacts. Je n'aime pas être touchée lorsque je ne m'y attends pas, je n'aime pas serrer la main ni faire la bise aux gens en général sauf lorsque je me sens proche d'eux, mais je peux le faire. Je suis également hypersensible au toucher mais à l'instar de la plupart des autistes, je le ressens de façon positive, sauf lorsque je ne m'y attends pas. Enfin, avec un tout petit échantillon de personnes, j'adore les câlins. J'ai énormément de mal à avoir conscience des limites de mon propre corps et me sentir contenue m'aide à me recentrer sur moi-même. Je crois que ce que j'ai le plus entendu lorsque j'évoque mon autisme c'est "mais tu n'es pas autiste, tu fais des câlins". Ou pas !


Ils sont dans leur bulle

Parfois VRAI. Beaucoup d'autistes donnent l'impression d'être dans leur bulle. Certaines situations anxiogènes peuvent mener à un état de surstimulation (le cerveau n'est plus capable de traiter les informations qui lui parviennent et se met en veille.) La personne concernée peut sembler fatiguée ou submergée et n'est alors plus capable d'interagir avec les gens ou de réagir aux stimulus externes. On appelle cet état la surcharge sensorielle qui peut mener à un "Shutdown".
Pour moi: VRAI. Il m'arrive de plus en plus souvent de me déconnecter totalement de la réalité. C'est une réaction courante qui me permet de "récupérer". Je donne l'impression d'être fatiguée et d'avoir besoin de dormir, ce qui n'est pas nécessairement le cas. J'aime bien me comparer à un ordinateur en surchauffe qui ne répondrait plus aux commandes. Par contre, dans ces cas-là, il n'est pas utile d'essayer de me faire prendre contact avec le monde réel. Me forcer à me concentrer, à répondre aux questions posées ou même à écouter ou bouger me demande un effort incroyable.
Alors par pitié, quand je bug, laissez moi buger !


Ce sont tous des génies

FAUX. Certains Autistes sont également à haut potentiel (QI > 130) mais ce n'est pas le cas de la majorité. C'est une idée reçue que l'on doit en partie à la télévision qui met régulièrement en scène des autistes ayant une capacité intellectuelle surdéveloppée. La plupart des autistes HPI se servent surtout de leurs douance pour masquer leur handicap. On dit qu'ils "compensent" un peu mieux que les autres. Ils ont l'habilité nécessaire pour palier à leurs difficultés majeures, le risque principal étant de passer totalement inaperçu lors des démarches diagnostiques.


Ils ne comprennent ni l'implicite ni le langage non-verbal

VRAI. La plupart des autistes ont du mal à comprendre l'abstrait. C'est pour cette raison que les conversations entre autistes et neurotypiques* sont souvent sources de malentendus. Il est nécessaire d'expliciter de façon claire et précise sous peine de ne pas être compris. Le langage non-verbal (expressions faciales, gestuelles, intonations) est très difficile à décoder pour un autiste, qui aura tendance à se baser uniquement sur les mots prononcés et à ne saisir ni les sous-entendus, ni l'humour.
Pour moi: VRAI incroyablement VRAI. Comme je compense assez facilement mon SA, la plupart des gens pensent que je n'ai aucune difficulté à communiquer. C'est faux. C'est peut-être à l'heure actuelle ce qui me caractérise le plus. Lors d'échanges relationnels, je me base uniquement sur ce que mon interlocuteur me dit. Je ne suis pas capable d'analyser ses gestes, ni de comprendre ses intonations et encore moins les sous-entendus. Je ne suis pas capable de discerner le vrai du faux. Je rêve d'un monde où chacun dirait les choses sans détour afin que je puisse suivre une conversation normalement sans avoir à chercher, sans émettre d'hypothèses qui se révèlent la plupart du temps inexactes. 


Ils sont dépourvus d'empathie


FAUX, si on parle de l'empathie au sens commun du terme. Les autistes manquent de théorie de l'esprit et ne sont donc en mesure de connaître les intentions et sentiments des autres. Certains utilisent spontanément très peu d'expressions faciales et seront qualifiés d'insensibles face à la douleur des autres. Ca ne les empêche pas d'être pour la plupart très empathiques, bien que souvent incapables de l'exprimer au sens conventionnel du terme.
Pour moi: Variable. Je peux faire preuve d'empathie démesurée ou au contraire rester de marbre face à la douleur. J'ai souvent été pointée du doigt pour mon côté inhumain lors d'évènements traumatiques parce que je ne ressentais pas le besoin d'extérioriser comme les autres. A l'inverse, certaines choses me touchent bien plus qu'elles ne devraient et on qualifie souvent mes réactions de démesurées et excessives même lorsque je ne suis pas directement concernée. Enfin, je suis incapable d'intervenir positivement lorsque la personne en face de moi a besoin de réconfort. 


Ils ne regardent pas dans les yeux

FAUX. La plupart des autistes Asperger peuvent regarder dans les yeux et même maintenir le contact visuel. Certains ressentiront cependant une gêne allant de l'inconfort à la douleur. 
Pour moi: FAUX. Dans l'absolu, je suis tout à fait capable de regarder dans les yeux, même si je ne suis pas à l'aise avec ça. Maintenir le contact est plus compliqué puisque j'ai l'impression de perdre le fil de la discussion ou de devoir me concentrer bien plus. Enfin, j'ai souvent l'impression que mes yeux trahissent chacune de mes pensées et qu'en regardant mon interlocuteur dans les yeux, je le laisse voir tout ce que je ne lui dis pas.


Ils sont violents

FAUX. Certains autistes Asperger ont déjà connus des accès de violence. Ils ne sont pas violents pour autant. La plupart du temps, une bonne connaissance de son fonctionnement permet d'éviter la crise.
Pour moi: A moitié VRAI. Je ne contrôle que très peu mes émotions. Lors de surcharge, je peux facilement devenir agressive verbalement ou crier. J'ai besoin d'extérioriser et en cas de Meltdown**, je peux frapper, jeter, mordre. Ces comportements agressifs ne sont dirigés que vers moi-même ou envers les objets qui m'entourent. Ils sont impressionnants pour ceux qui n'ont pas l'habitude d'y assister mais ils restent pour moi une réaction humaine face à un stimuli et la seule et unique manière de gérer mon ressenti.


Ils ne ressentent pas la douleur

FAUX. Certains autistes sont dépourvus d'expressions faciales et ne manifestent donc pas la douleur de manière significative. Pourtant, ils ressentent la douleur tout autant que les neurotypiques (parfois plus, parfois moins en fonction du profil sensoriel).
Pour moi: Plutôt FAUX même si je reste très peu sensible à la douleur physique en général. La plupart du temps, une blessure / un coup ne génère pas de douleur mais plus de l'inconfort et me rend irritable. 


Ils ont des centres d'intérêt obsessionnels

VRAI. Les intérêts restreints sont une des caractéristiques principales de l'autisme. Ces centres d'intérêt bien particuliers sont en général peu classiques. Les autistes abordent avec passion un sujet qui leur plait et peuvent passer des heures, des jours, des mois entiers à apprendre et emmagasiner le plus de connaissances possibles en rapport avec leur sujet de prédilection.
Pour moi: VRAI. Mes intérêts restreints sont, à l'heure actuelle, de plus en plus définis. Ils me viennent par période, puis je finis par les laisser de côté et j'y reviens quelques temps après. Pendant ce temps, je peux m'y plonger totalement quitte à oublier tout ce que j'aimais faire jusqu'alors. Le côté obsessionnel est déroutant pour quelqu'un qui n'y est pas habitué car l'intérêt du moment devient alors mon unique préoccupation du matin au soir. En vrac: le russe et les langues étrangères en général, la programmation informatique, le dessin / la peinture.

Ils ont besoin de rituels

VRAI. Les autistes sont tous très sensibles au monde qui les entoure et ont de grosses difficultés à gérer les imprévus. Les changements même mineurs sont perçus comme un réel bouleversement. Les rituels sont très importants et permettent de garder des repères fixes.
Pour moi: VRAI. Même si ma gestion des imprévus est à première vue plutôt bonne, j'ai besoin de garder des repères (environnementaux, familiaux) bien ancrés. Le moindre changement même minime remet en cause tout ce que j'ai appris et acquis jusqu'alors. J'ai besoin de faire les choses dans un ordre précis, aux mêmes heures, de la même façon. Je peux compenser un temps mais ça me demande un effort d'adaptation et il m'est totalement impossible de renoncer à certains rituels.


Ils sont maladroits

VRAI. La plupart des autistes souffrent de troubles de la coordination. Leurs mouvements sont désordonnés, désynchronisés. Un diagnostique de dyspraxie peut être posé en parallèle d'un diagnostique TSA. 
Pour moi: VRAI. Je suis incapable d'évaluer correctement les distances, les vitesses. Dû à une très mauvaise perception de mon environnement, je me cogne un peu partout et me blesse facilement. 




* Neurotypique, également abrégé NT: personne non autiste.
** Le meltdown suit généralement le Shutdown. Il est la matérialisation de la crise.


Autisme, mensonges et trahisons.

L orsque l'on parle d'autisme, on parle le plus souvent de difficultés voire d'incompétences sociales, de déficit dans la comm...